lundi 13 octobre 2008

Lettre à Madame Christine Albanel, ministre de la Culture


« Le présent est la conséquence du passé. L’avenir, la conséquence du présent. »
Voilà comment Merleau-Ponty définissait le passage du temps. Si le théâtre est bien l’art de l’éphémère, sa tradition vient de la nuit des temps. Et inlassablement, pour se reconstituer, il a besoin d’avenir.
L’existence du Théâtre de la Croix-Rousse est récente (à peine plus de dix ans). Il s’est construit en même temps que s’inventait une aventure artistique. Tant de metteurs en scène d’ici et d’ailleurs, célèbres ou inconnus, expérimentés ou novices, ont travaillé sur notre
scène. L’ouverture comme exigence !
Il s’est construit en même temps que se fidélisait un public (2000 abonnés en 1994, autour de 9000 en 2006). Ici le public est en confiance. Il ose et tente l’inconnu. Il aime aussi retrouver ses fondamentaux. Il se prend au jeu, il vibre aussi à nos délires. Il s’est construit grâce à d’innombrables tournées de nos productions partout en France, Suisse, Belgique, puisque la plupart de nos créations ont dépassé la centième représentation.
Il s’est construit grâce au soutien sans faille des collectivités : Ville de Lyon, Région Rhône-Alpes, Département du Rhône, ministère de la Culture. Chaque année, les uns et les autres ont conforté nos moyens, dans la mesure du possible ; adapté leur aide à nos besoins.
Il s’est construit grâce au travail inlassable et ardent d’une équipe fière de sa mission de service public.
Aujourd’hui c’est le présent et le présent est la saison qui suit. Heureuse saison : tant de grands textes, de metteurs en scène fous de leur art, d’aventures hors normes, et puis cette saison de la danse, de l’opéra, du cirque. Une fête quoi. Le théâtre dans tous ses états.

Maintenant l’avenir.
Il est là. À portée de main. Tout est prêt. Le maire de Lyon, Gérard Collomb ; le président de la Région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne ; le président du Conseil général du Rhône, Michel
Mercier ; le directeur de la DRAC Rhône-Alpes, Jérôme Bouët ; tous se sont prononcés en faveur d’une nouvelle convention (rédigée ensemble) de Scène nationale. Celle-ci devait être actée avant fin 2007, comme l’avait promis le précédent ministre de la Culture, monsieur Renaud Donnedieu de Vabres.
Malheureusement un gel a surgi en début d’année 2008. Incompréhension générale. Mobilisation. Tristesse. Colère. Madame le ministre de la Culture, Christine Albanel, décide d’attribuer une subvention exceptionnelle de cent mille euros. Ainsi prouve-t-elle concrètement son attachement à notre maison. Reste ce label, ce label promis, porteur d’avenir. Et l’avenir, nous y croyons. Nous en faisons notre affaire. Nous lui faisons confiance. Le monde tel qu’il va, aura besoin de plus en plus de théâtre, d’artistes, de soirées inédites, de questionnements Ludiques, de gravité, d’enjeux politiques. Alors nous relevons ce défi.
Nos bras ne tremblent pas, tendus qu’ils sont vers l’avenir. Aussi madame le ministre, s’il vous plaît, pardonnez-nous d’anticiper ce label, en l’inscrivant au fronton de notre nouvelle saison. C’est que nous savons que, comme nous, vous partagez cet élan. Vivement
l’avenir. Vivement La Croix-Rousse/Scène nationale de Lyon.

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